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–  Qu’est-ce que le stalking ?  –

Différents types de harcèlements

Nous avons vu que le harcèlement et stalking revêtent des réalités différentes. Le harcèlement est une notion qui recouvre beaucoup de pratiques (abusives évidemment), et ce, dans des contextes très divers.
Voici une revue des termes circulant actuellement : « online shaming », « bullying », « dowing »…

« Online shaming » : humiliation en-ligne

Il s’agit d’un harcèlement par diffamation publique en-ligne (réseaux sociaux, forums, blogs…), perpétrée par une personne ou un groupe de personnes à l’esprit vengeur. Leur objectif est d’induire de la honte à la victime, et peut conduire à ruiner sa réputation. Des faits privés considérés comme embarrassants par les harceleurs sont relatés publiquement sur internet. Ils sont martelés de manière répétée sur un certain laps de temps et dans une situation d’inéquité de pouvoir.
Cette humiliation en-ligne peut, selon l’auteur de l’étude, se découper en 4 sous-catégories : par vigilance, pour intimidation, par bigoterie et les commérages.
Voir : « Online Shaming and the Right to Privacy » de Emily B. Laidlaw de l’Académie de Droit de l’Université de Calgary, 2017

Un étude de 2017 établit qu’environ 60% de la population d’internautes audités se sont adonnés à l’humiliation en-ligne, environ 30% en ont été victimes, et 25% ont été à la fois perpétrateurs et victimes.
L’aspect fondamental de l’humiliation réside dans « le processus sociétal d’expression d’une désaprobation sociale ». Les citoyens désormais connectés ont trouvé en internet le terrain idéal pour exercer leur « police sociale » facilement et avec une efficacité inégalée auparavent. L’obligation de respect des normes sociales est au cœur de l’humiliation en-ligne, et constitue l’élément distinctif du cyberbullying et du harcèlement en-ligne. L’évaluation d’un acte ou comportement du point de vue des « règles sociales » et donc l’évaluation par celles et ceux s’adonnant à l’« online shaming » est, par nature, très subjective.
Voir : « Online Shaming – Exploring factors behind online shaming perpetration as well as its prevalence in adults » de Thushan Shaun Packiarajah, 2017

L’humiliation en-ligne peut être exprimée de manière très violente, voir même s’accompagner d’incitation au meurtre ou au suicide.

« Bullying » : intimidation

Le « bullying » est une forme de harcèlement par intimidation.
L’« Étude sur les cyberviolences basées sur le genre », du Service de Recherche parlementaire européen (mars 2021) définit le « bullying » comme :

  • offenser une personne en-ligne avec des messages non-désirés, sexuellement explicites, menaces de violence ou encore des discours haineux.
  • un comportement répété et persistant prenant pour cible une spécialement une personne désignée, ce comportement étant conçu pour causer de la détresse émotionnelle sévère et souvent la peur de blessures physiques.

Le « bullying » est perpétré typiquement par :

  • la mise à l’écart de la victime;
  • les moqueries, rabaissement;
  • le manque de respect;
  • le dénigrement, calomnie, diffamation;
  • les insultes;
  • le racket;
  • la prise de photos/vidéos embarrassantes;
  • la traque, surveillance;
  • l’abus de position dominante…

Tout ceci peut être perpétré aussi bien dans la vie réelle que sur internet, et peuvent s’ajouter des violences physiques y compris les assauts à caractère sexuel.
Il s’agit de prendre quelqu’un pour un souffre-douleur.
Le « bullying » a lieu typiquement dans le cadre de l’école (harcèlement scolaire) ou du travail.

Voir : « What is bullying?: Violence, Harassment and Bullying Fact sheet » de la Commission des Droits de l’Homme d’Australie

Voir : « Fiche 21 sur le harcèlement en-ligne, le bullying, le stalking et le trolling » du Conseil de l’Europe (.pdf)

Comme pour l’humiliation, le « bullying » peut être très violent, et s’accompagner d’incitations au meurtre ou au suicide.

« Doxing » : diffusion d’informations personnelles

Les auteurs d’« Online shaming » ou le « bullying » peuvent aussi aller jusqu’à amasser et publier des informations personnelles de la victime.
L’« Étude sur les cyberviolences basées sur le genre », du Service de Recherche parlementaire européen (mars 2021) définit le « doxing » comme :

  • le fait de publier des détails personnels et données sensibles de la victime, tels que l’adresse de domicile, des photographies, son nom et les noms des membres de sa famille;
  • la recherche, le recueil et le partage public d’informations personnelles identifiables contre la volonté de la victime;
  • le doxing est souvent utilisé par les cyberintimidateurs (qui font du « bullying ») et les joueurs en-ligne.

« Mobbing » : harcèlement au travail

C’est un terme qui s’applique majoritairement au harcèlement sur le lieu de travail, et entre donc dans la galaxie des risques psychosociaux au travail. Il est différent d’une divergence d’opinions, d’un conflit, d’une dispute, une crise de colère.
Heinz Leymann définit ce phénomène dans les années 90 : il s’agit pour les auteurs de s’attaquer à une personne pour en faire un bouc émissaire : stigmatisation systématique et injustice sont le lot quotidien de la victime.

« Ces actions ont lieu souvent (presque tous les jours) et sur une longue période (au moins six mois) et, en raison de cette fréquence et de cette durée, ont pour conséquence : souffrance psychique, psychosomatique et sociale considérable.
Cette définition élimine les conflits temporaires et se concentre sur la zone de transition où la situation psychosociale commence à se traduire par des états pathologiques psychiatriques et/ou psychosomatiques. »
« Il y a aussi des cas où un tel mobbing est mutuel jusqu’à ce que l’un des participants devienne l’outsider. »

Pour Leymann, le « mobbing » s’établit en 4 phases :
1) Un conflit initial apparaît, qui peut porter aussi bien sur un sujet de travail que sur un sujet personnel.
2) Phase de « mobbing » et stigmatisation, où tout est bon pour démolir la personne et sa réputation. La manipulation est centrale : atteintes à la réputation, restriction de l’expression de la victime, isolement du groupe, atteinte à sa mission (ne pas donner de travail, donner des tâches humiliantes ou insignifiantes), violences ou menaces de violences.
3) La victime devient un « cas » auprès des supérieurs, avec des conséquences administratives.
4) Expulsion, renvoi, pouvant s’accompagner de difficultés à retrouver un emploi.
Voir : « Mobbing and Psychological Terror at Workplaces » de Heinz Leymann, Ph.D. (.pdf)

Leymann définit aussi une quarantaine de critères à appliquer sur une période de 6 mois avec une fréquence d’au moins une fois par semaine.
Voir : « Les 45 agissements constitutifs du mobbing selon le professeur H. Leymann » du Canton du Valais, Suisse (.pdf)

Cependant, des recherches ultérieures ont permis d’affiner sa définition.
Ainsi, en Suisse, il ressort d’une importante enquête sur le « mobbing » (Seco, 2002) que de nombreux-euses employé-e-s en sont victimes, et d’autrepart que la définition de Leymann est trop étroite : « D’une part, ces résultats font réfléchir sur la stricte définition du mobbing proposée par Leymann; en effet, les critères de fréquence et de durée minimales figurant dans sa définition ne tiennent pas compte du degré d’intensité des différents actes ni de la perception de la victime par rapport à ces actes. D’autre part, cela peut aussi signifier que le fait d’avoir médiatisé, parfois à outrance, le phénomène du mobbing, implique que les gens utilisent ce terme de manière inappropriée. »
Le Seco donne cette définition : « Le mobbing correspond à une forme particulière de conflit qui se distingue par son caractère peu moral et par le manque de respect envers les valeurs de l’autre partie. À la différence des autres types de conflits, le mobbing n’est pas générateur d’améliorations des relations interpersonnelles, mais vise au contraire l’exclusion de l’autre. »
Voir : « Mobbing – Description et aspects légaux » du Secrétariat d’État à l’Économie Suisse (.pdf)

Harcèlement sexuel

D’un point de vue légal, « le harcèlement sexuel se caractérise par le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste, qui portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, ou créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.
Est assimilée au harcèlement sexuel toute forme de pression grave (même non répétée) dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte sexuel, au profit de l’auteur des faits ou d’un tiers. »

Voir : Vos droits > Harcèlement sexuel (s’ouvre dans un nouvel onglet) »>Service Public > Vos droits > Harcèlement sexuel

Ce type de harcèlement recouvrant beaucoup de pratiques abusives, et des périmètres législatifs variables, établir des chiffres est un exercice complexe. Un rapport analysant l’étude « Violences et rapports de genre » (2015) de l’Institut national d’études démographiques (Ined) est disponible en-ligne : « Insécurité et délinquance en 2017 : premier bilan statistique – Une approche statistique du harcèlement sexuel à partir de l’enquête Virage »

Le harcèlement sexuel mérite plus qu’un résumé ou une définition juridique, aussi nous vous invitons à chercher des informations auprès d’associations ou organismes spécialisés dans la question.

« Sextapes » : diffusion non-consentie d’images sexuelles

L’« Étude sur les cyberviolences basées sur le genre », du Service de Recherche parlementaire européen (mars 2021) donne cette définition :

  • Représentation sexuellement explicite d’une ou de plusieurs personnes distribuées sans le consentement du sujet.
  • Souvent commis par l’ancien partenaire d’une victime et affiché sur un site internet spécialisé ou un profil de médias sociaux.
  • Implique d’afficher ou de distribuer des images ou des vidéos à caractère sexuel.
  • Jusqu’à 90% des victimes de pornographie non-consentie sont des femmes.
  • Contrairement à son appellation, cela n’est pas nécessairement motivé par la vengeance personnelle. Les auteurs peuvent rechercher une gratification sexuelle ou souhaiter la victime de faire quelque chose pour eux, en utilisant les images comme une forme de chantage social ou économique.
  • Lorsque la victime est une mineure, elle est considérée comme pédopornographie.

« Trolling » : provocation de conflits

Ce terme s’utilise pour désigner des personnes qui cherchent la discorde sur internet, typiquement dans les espaces de communications en-ligne : forums, commentaires sur les blogs, réseaux sociaux…

L’« Étude sur les cyberviolences basées sur le genre », du Service de Recherche parlementaire européen (mars 2021) définit le « doxing » comme :

  • Une activité perpétrée en-ligne sur des forums publics, associée à des activités encourageant le débat.
  • Cette activité inclut la publication de matériel hors-sujet en grande quantité, tout comme des messages incendiaires et déroutants.

Ce terme s’utilise pour désigner des personnes qui cherchent la discorde sur internet, typiquement dans les espaces de communications en-ligne : forums, commentaires sur les blogs, réseaux sociaux…

L’« Étude sur les cyberviolences basées sur le genre », du Service de Recherche parlementaire européen (mars 2021) définit le « doxing » comme :

« Trolling » en anglais signifie « pêche à la traîne », ce qui illustre une des constantes des trolls : leur volonté de provoquer autrui, de le toucher suffisamment pour l’inciter à répondre à ces assertions, et ainsi créer une longue chaîne de réponses, un dialogue auquel peuvent souvent venir se greffer d’autres internautes, alimentant encore plus la chaîne. Une expression courante dans le milieu informatique internet consiste à conseiller : « Don’t feed the troll ». Autrement dit : « N’alimente pas le troll ».
L’ennui, la recherche d’attention, la vengeance, le plaisir et le désir de causer du tort font partie des motivations exprimées par les « trolls » interrogés lors d’études. Les caractéristiques principales du « trolling » sont l’agression, la tromperie, la perturbation et la recherche de réussite de l’acte.
Le caractère déloyal, trompeur et le fait que les propos soient sans réel objet voir inutiles distingue le « trolling » d’autres formes de harcèlement comme le cyberintimidation (« cyberbullying »). Attaques infondées, méchanceté gratuite, déviation d’un sujet de conversation… sont des exemples de tactiques utilisées par les trolls.
Les troubles de personnalités narcissique, machiavélique, psychopathie et la personnalité sadique ont été retrouvés dans plusieurs études sur ce phénomène.
Voir : « Trolls just want to have fun » de Erin E. Buckels, Paul D. Trapnell, Delroy L. Paulhus (.pdf)

Il est à différencier des « shitstormers » qui eux se basent sur un mécontentement la plupart du temps. « Trolling » et « shitstorms » font typiquement partie de la sphère de la haine en-ligne.
Voir : « Trolls et shitstorm » par Bee Secure, initiative commune du Ministère de l’Economie, du Ministère de la Famille, de l’Intégration et à la Grande Région et du Ministère de l’Education nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse du Luxembourg (.pdf)

Le « lulz » est une forme aggravée de « trolling ».
Voir : « Du trolling au cyberharcèlement : la haine aux mille avatars » par l’IREDIC, Institut de Recherche et d’Études en Droit de l’Information et de la Culture

Mentionnons le « flaming », qui quant à lui est une forme de trolling sans forcément de notion de harcèlement. La personne qui « flame » cherche à provoquer plutôt qu’à discuter ou échanger constructivement; il est plutôt question de débordements hostiles, cherchant le conflit.
L’« Étude sur les cyberviolences basées sur le genre », du Service de Recherche parlementaire européen (mars 2021) définit le « flaming » comme :

  • Des contenus au vitriol, dénotés par un langage explicit voir misogyne.
  • L’usage délibéré de messages enflammés, émotionnellement chargés ou contrariants dans le but d’obtenir une réponse.

« Gaslighting » : manipulation mentale

Le terme « gaslighting » (« éclairage au gaz ») a été inspiré par le film « Gaslight » de George Cukor avec Ingrid Bergman de 1944, où un homme tente de faire croire à sa femme qu’elle perd la tête, voulant même la faire interner. Il va mettre en place le stratagème suivant : baisser soirs après soirs l’intensité du gaz alimentant les lumières, tout en lui affirmant qu’il ne constate aucune baisse de luminosité.
Sélectionné parmis les mots de l’année 2018 par le dictionnaire Oxford, « gaslighting » désigne la manipulation psychologique qu’exerce une personne sur une autre afin de lui faire douter de sa propre perspective de la réalité. Le perpétrateur cherche a exercer un contrôle sur sa victime.
« Contrairement à l’intimidation, qui est très claire et évidente, le « gaslighting » est une forme de manipulation très subtile qui peut détruire la confiance des victimes, les rendre extrêmement vulnérables et, dans certains cas, les forcer à quitter leur emploi. Dans de nombreux cas, cela peut être si subtil que certaines personnes peuvent même ne pas savoir que cela se produit tant qu’elles ne s’arrêtent pas et n’y réfléchissent pas, ce qui explique peut-être pourquoi cela se produit si souvent. »
Voir : « Research shows gaslighting in UK workplace is ‘normal’ » par Open Access Government

Dans le cadre des violences conjugales, « une fois qu’un partenaire violent a brisé la capacité de la victime à faire confiance à ses propres perceptions, la victime est plus susceptible de rester dans la relation violente ». Le « gaslighting » s’installe progressivement, sans y prêter garde, souvent sur un « malentendu » inoffencif, puis s’ensuit un phénomène d’emprise où la victime se repose sur son partenaire pour définir la réalité.
Voir : « What is Gaslighting? » par The National Domestic Violence Hotline, États-Unis

La personne manipulatrice va non-seulement faire douter sa victime de sa perception de la réalité, mais aussi de sa mémoire et de sa santé mentale. En faisant usage du déni persistant, de propos erronés, contradictoires et mensongers, des moqueries, commérages, elle va tenter de destabiliser et délégitimer la victime. Les personnalités sociopathes et narcissiques usent souvent de la manipulation de type « gaslighting ».
Cette maltraitance psychologique cause des dommages cognitifs et émotionnels, et entraîne − en particulier lorsque cela à lieu sur le long-terme − anxiété, dépression et même de la psychose.
En outre, souvent le perpétrateur « souffle le chaud et le froid », en alternant compliments et propos manipulatoires ; il peut aussi faire la projection de ses propres défauts sur la victime, n’hésitant pas à s’attribuer les mérites de la victime.
Voir : « Gaslighting and the knot theory of mind » de Domina Petric, 2018

« Haters » : personnes haineuses

Le terme « haters » ne désigne pas un type de harceleurs, mais plutôt un état d’esprit, un caractère : celui des personnes haineuses. Elles répandent volontiers des propos emplis de haine sur internet (réseaux sociaux, commentaires de blogs, forums…).
Il peut s’agir de haine sans fondement, tout comme d’attaques ciblées sur un sujet de divergence, avec pour motifs un besoin irrépressible d’exprimer leur haine, ou encore par motivation d’être purement malveillant.

L’« Étude sur les cyberviolences basées sur le genre », du Service de Recherche parlementaire européen (mars 2021) définit la haine en-ligne comme :

  • Toutes formes d’expressions qui partagent, encouragent, promeuvent ou justifient la haine raciale, la xénophobie, l’anti-sémitisme ou toutes les autres formes de haines basées sur l’intolérence, incluant le nationalisme agressif, l’ethnocentrisme, la discrimination ou hostilité envers les minorités, les émigrés ou personnes d’origine étrangère.
  • Les campagnes de haine en-ligne sont souvent efficacement organisées, dans lesquelles la même victimes ou le même groupe de victimes sont ciblés simultanément par de multiples auteurs.