– Profils des stalkers –
Qui, quoi, comment ?
Sommaire
Qui est la/le stalker ?
La ou le stalker peut être une personne que la victime connaît déjà, ou un-e parfait inconnu-e. Le stalking peut se dérouler à l’extérieur du cercle intime (travail, école, loisirs…), ou s’insérer dans un quotidien de violences familiales ou conjugales. La/le stalker pouvait être une personne « adorable » dont on n’aurait jamais soupçonné qu’elle/il puisse en arriver à ce comportement et ces actes.
Le stalking peut se cumuler avec d’autres abus et s’ancre le plus souvent dans le cadre de maladies ou troubles mentaux et de troubles de la personnalité… qui peuvent aussi se cumuler entre eux…. Le stalking est un comportement, pas une maladie. Ainsi, par exemple, un-e stalker peut avoir un trouble bipôlaire ET être stalker. Une personnalité limite (« borderline ») peut s’adonner à la traque obessionnelle.
Selon l’étude de Mohandie et al. aux États-Unis :
- 46% des stalkers étudiés présentaient un « diagnostique clair ou probable de troubles ou maladies mentales » en se référant au DSM-IV-TR (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’American Psychiatric Publishing) ;
- 30% ne présentaient aucun trouble ;
- 14% un trouble psychotique ;
- 25% avaient des tendances suicidaires ;
- 32% consommaient des substances (drogue, alcool…).
Dans cette même étude, il ressort que 80% des stalkers sont des hommes, et 81% des victimes sont des femmes. Dans 17% des cas, le stalking avait eu lieu plusieurs fois venant d’autres stalkers.
Dans 73% des cas, le stalker est un proche : ex-conjoint-e, ami-e, connaissance), et dans 32% des cas, il y a eu des antécédents de violences familiales.
Moyens déployés par le stalker
La/le stalker utilise plusieurs moyens pour hanter la vie de sa victime. Deux tiers l’espionnent et/ou la pourchassent au moins une fois par semaine; pour beaucoup c’est quotidiennement.
Les moyens employées listés ci-après se cumulent souvent; 78% des stalkers utilisant plusieurs techniques :
- 78% utilisent les communications non-désirées ;
- 79% les approches directes ;
- 71% la surveillance, traque.
La plupart des actes du stalker, pris séparément, ne sont pas forcément répréhensibles. Envoyer un sms, liker une photo sur internet, offrir un cadeau… sont tout à fait normal.
C’est le non-consentement de la victime, assorti de l’accumulation de ces actes qui qualifie ce comportement de stalking, qui est punissable en cours pénale dans de nombreux pays.
a) Communication, contacts répétés :
La/le stalker peut s’adresser à sa victime directement, mais aussi à son entourage plus ou moins proche. Peu importe pour lui/elle le jour ou l’heure à laquelle il/elle s’intruse dans la vie de sa cible, pouvant ainsi la réveiller en pleine nuit.
- appels téléphoniques ;
- emails ;
- sms ;
- « sextos », textos/sms à caractères sexuels ;
- envois ou dépôts de lettres postales ;
- envois ou dépôts de cadeaux…
b) Suivi, espionnage :
La traque peut être opérée physiquement tout aussi bien que via les moyens de communications à distance (cybrer-harcèlement).
- suivi de la victime dans la rue, en bas de chez elle, dans les lieux publics ou tous autres endroits accessibles par le stalker ;
- suivi des actualités de la victime sur internet et les réseaux sociaux, dans les informations si elle c’est un personnage public ou une célébrité ;
- prise de contact avec l’entourage de la victime afin de soutirer des informations à son sujet ;
- vol d’identité sur internet pour mieux accéder à ses informations ;
- utilisation de moyens technologiques d’espionnage (caméra, micro, application mobile de géolocalisation…).
c) Contact direct, confrontation :
- le ou la stalker peut venir de manière impromptue jusqu’à sa victime pour lui parler, la pourchasser, lui courir après littéralement, la menacer, la violenter moralement et/ou physiquement, l’agresser sexuellement. Il/elle peut même être armé-e (25% des cas) ;
- vandalisme ou irruption non-autorisée au domicile…
d) Harcèlement :
- dénigrement, menaces écrites, verbales ou physiques ;
- proférations et/ou publications d’informations mensongères, calomnieuses, diffamatoires, injurieuses… ;
- manipulation, contrainte.
e) Agressions :
- le/la stalker s’en prend aux biens et au domicile de la victime ;
- agressions physiques sur la victime ;
- agressions physiques sur les proches de la victime ;
- si le stalkeur et la victime ont des enfants, ceux-ci peuvent être pris pour prétexte à entrer en contact avec l’ex-partenaire. Les enfants peuvent également être la cible directe d’actes violents et même de menaces de mort (Nikupeteri & Laitinen, 2015).
- agressions physiques sur les animaux de la victime ;
- agressions sexuelles ;
- tentatives de meurtre.
f) Toutes autres actions de contrôle, de chasse/traque, de contacts, d’intimidation.
Arguments du stalker
« Mais c’est parce que je t’aime. »
« Je ne peux pas me passer de toi, sans toi je meure. »
« Elle l’a bien mérité cette chienne ! »
« Tu es mon fils/ma fille et j’ai le droit de savoir ce que tu deviens. »
« Tu n’as pas le droit de m’abandonner, je suis ta mère/ton père. »
« C’est pas moi qui harcèle, c’est elle/lui ! »
« Je ne fais rien de mal, c’est de l’amour. »
« Je ne suis pas fou, c’est elle qui a un problème. »
« Si je ne te surveille pas, tu ne t’en sortiras pas. »
« Je sais que tu m’aimes et qu’on est fait pour vivre ensemble.
« … »
Le déni, l’identification projective (effet de miroir déformé), la projection du blâme (« la faire à l’envers ») sont couramment employés par le/la stalker pour se déresponsabiliser de ces actes.
Profils et types de stalkers
Il existe plusieurs formes de stalking, allant de l’attention non-souhaitée d’une personne à l’égard d’une autre, jusqu’aux violences.
Le phénomène existe certainement depuis la nuit des temps, mais il n’est étudié sérieusement que depuis le début des années 90, lorsqu’à la suite d’affaires de stalking touchant des personnalités publiques et les conséquences dramatiques qui s’en sont suivies, les États-Unis ont décidé de légiférer.
Il existe une douzaine de classifications des types de stalkers, dont voici quatre qui font références :
Classification du professeur Paul Mullen et al.
Cette classification catégorise 5 sous-types de stalkers, soulignant le contexte du stalking, la motivation, la nature de la relation harceleur-victime et la santé mentale du harceleur.
- celui qui souffre d’un sentiment de rejet de la part de la victime;
- le rancunier qui se venge;
- celui qui recherche une intimité avec sa cible;
- le prétendant incompétent;
- le harceleur prédateur.
Classification de Michael Zona
Michael Zona fut consultant auprès de la police de Los Angeles; il fait ressortir 3 catégories. Sa typologie se place dans une perspective de santé mentale.
- le simple obsessionnel, qui est l’ex-compagnon ou compagne (50% des cas);
- l’amoureux obsessionnel, généralement étranger à la victime, qui cherche coûte-que-coûte l’attention de sa cible (43% des cas);
- l’érotomaniaque, guidé par son illusion qu’il est aimé par une personne, souvent inaccessible (10% des cas de stalking).
Typologie RECON
Cette typologie de Mohandie et al. s’appuie sur la RElation qui préexistait (ou non) entre le stalker et la victime, ainsi que le CONtexte dans lequel le stalking s’est produit.
La typologie RECON divise les cas étudiés de stalking en deux types :
- type I : lorsque le sujet avait une relation préexistante avec la victime. Avec les sous-catégories suivantes : relation intime (mariés, habitant ensemble, ayant eu un rendez-vous galant), ou une relation proche, amicale, familière, de travail;
- type II : lorsque qu’il n’y avait que peu ou pas de relation. Avec les sous-catégories suivantes : stalkers de célébrités ou personnalités publiques ou stalkers s’en prenant à des personnes dans le contexte privé.
Typologie de Wright et al.
Elle prend en compte la relation stalker-victime, la communication elle-même (délirante ou non), le degré de risque pour la victime ainsi que les résultats tangibles (pas de recours, dépôt de plainte/procès, recours psychiatrique, suicide).
Le stalking n’est pas une maladie en soi, mais est souvent une des manifestations d’une pathologie mentale.
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