PROTECTS) Pour la Reconnaissance, l'Organisation et Tisser l'Entraide Contre la Traque et le Stalking.

–  Qu’est-ce que le stalking ?  –

Définition

Vocabulaire

« Stalking » est un terme anglais employé dans le domaine de la chasse. On peut le traduire par « traque furtive » littéralement; juridiquement il est traduit en « harcèlement criminel ». Il n’a actuellement pas de traduction satisfaisante en langue française, c’est pourquoi nous utilisons le mot anglais sur le présent site et autres publications. Le terme « dioxis » ou « harcèlement du 3ème type » a circulé au début des années 2000 en France, mais n’est pas rentré dans le langage courant.

Le stalking est un phénomène ancien, mais réellement traité que depuis les années 90. Dans le reste du monde, le stalking est largement pris en compte spécifiquement en plus de la notion de harcèlement, alors qu’en France il reste un terme méconnu.

Définition

Il n’existe pas de définition internationalement convenue dans le domaine juridique.
L’association américaine National Center for Victims of Crime propose cette définition : « le stalking est un comportement à l’égard d’une personne en particulier qui pourrait raisonnablement faire ressentir de la peur à cette dernière ». Cette définition, certes large, a l’avantage d’être plus proche de la réalité et des conséquences vécues par la victime que les définitions légales qui ne couvrent pas tous les cas courants.
Cependant, prouver que le stalking génère de la peur peut être compliqué à démontrer. En France, une définition légale du harcèlement se rapproche de cette définition nord-américaine, à l’article 222-33-2-2 du Code Pénal, suite à son amélioration grâce à la « Loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes (2014) » : « Le fait de harceler une personne par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale… ».
Sous l’angle clinique, Budd et Mattinson (2000) ont proposé l’expression suivante : « attention persistante et non-souhaitée ».

Pathé et Mullen (1997) ont proposé la définition suivante : « constellation de comportements où un individu inflige à un autre des intrusions et des communications répétées et indésirables ».

Le stalking est synonyme de persécution.

« Le terme stalking peut tout inclure depuis les tentatives de séduction bénignes jusqu’à l’agression et le meurtre. » (Sinclair & Frieze, 2000).

Le stalking est une forme aggravée de harcèlement, consistant en des comportements intrusifs du stalker dans la vie de la victime. C’est un harcèlement pluridimensionnel, dans le sens où il comporte plusieurs types d’actes de la part du stalker.
La Ville de Mannheim a posé les critères suivants : les témoignages sont classés comme stalking avéré dès lors que la victime a subi au moins 2 formes de harcèlement, et que cela dure depuis au moins 2 semaines (réf : étude de 2005 dirigée Harald Dreßing).

Le stalking a un caractère éminemment prédatif. La ou le stalker se met en quête d’informations sur une personne qu’il cible en particulier. Il ou elle focalise sa traque et sa surveillance, de façon répétée, sur cette personne. En plus de l’épier, il ou elle peut contacter sa victime de manière réitérée, et tout ceci sans le consentement de cette dernière.
Le/la stalker reste comme sourd-e aux demandes de la victime de cesser de la contacter et l’espionner; il est très souvent impossible de lui faire prendre conscience que ses actes sont nuisibles.

Le stalking est un harcèlement doublé d’espionnage.

Lambèr Royakkers considère même que le mot « stalking » est un euphémisme pour désigner ces « suivis incessants et harcèlements ». (« The Dutch Approach to Stalking Laws », 2000)

La/le stalker exerce une violence psychologique. Cela peut même aller jusqu’à la confrontation directe ou les violences verbales, physiques ou sexuelles. L’entourage personnel ou professionnel, les proches, la famille, les animaux domestiques ou encore le domicile de la victime peuvent être aussi pris pour cibles par la/le stalker.

Le caractère obsessionnel, instrusif et répétif différencie ses actes de recherches, espionnage et contacts d’une simple attention portée à la personne visée, qui rappelons-le est non-consentante. Cette attention disproportionnée à son égard porte atteinte à la tranquilité, à l’intégrité (morale aussi bien que physique) et au respect de la vie privée auxquels tout le monde a droit. Cela engendre un état de peur chez la personne visée.

Stalker, c’est s’imposer dans la vie d’une personne contre son gré.

Le/la stalker s’adonne à un harcèlement compulsif obsessionnel. L’obsession est d’ordre mental, elle concerne les pensées ; la compulsion concerne la manifestation dans les actions.

Voir la rubrique Profils des stalkers

Effets sur la victime

Les agissements d’un-e stalker conduisent la personne qui en est la cible à un sentiment d’appréhension et de peur. Être traqué-e peut conduire à l’angoisse et divers troubles psychologiques, néfastes au quotidien, tels que :

  • l’hyper-anxiété ;
  • la dépression ;
  • l’agoraphobie (peur de sortir de chez soi) ;
  • une chute de l’estime de soi ;
  • un syndrome de stress post-traumatique ;
  • et les conséquences physiques qui y sont liées (palpitations, insomnies, souffle court…).

« Vivre dans la peur, spécialement sur une durée prolongée, affecte la qualité de vie humaine » (Hall, 1998)

Lee Barnard, inspecteur détective à la Police métropolitaine de Londres, décrit : « Le harcèlement criminel est un crime de persistance et, que l’agresseur soit violent ou non, il peut avoir un impact dévastateur sur la vie de la victime ».

Rachel Griffin, directrice générale de Suzy Lamplugh Trust, le confirme : « Le harcèlement criminel est un crime dévastateur qui se caractérise par l’obsession et la fixation, et qui cause souvent des souffrances prolongées aux victimes ».

Être victime de stalking amène à se protéger en envisageant des changements de vie que l’on aurait pas menés si le stalking n’avait pas existé :

  • éviter de sortir de chez soi ;
  • changer de travail ;
  • déménager ;
  • changer d’identité…

Ces symptômes sont parfaitement légitimes tant les conditions de vie peuvent être dégradées, et par le fait que le « phénomène d’escalade » est avéré.
Dans leur étude commune consacrée à étudier le lien entre le stalking et les homicides, la fondation Suzy Lamplugh et l’Université de Gloucestershire relèvent que le phénomène d’escalade est présent dans 79% des cas. Quant au passage à l’acte fatal, 55% des homicides ont été précédés de stalking, ce qui corrobore les chiffres de l’étude de 2016 sur les violences domestiques de l’État du Maine (États-Unis).
Avoir peur et demander des mesures de protection est ainsi on-ne-peut-plus légitime.

Littel décrit le stalking comme une « destruction de l’âme » (« soul destroying ») (K. M. Littel, « Addressing the needs of stalking victims. Focus group summary report », 1999).

La victime vit sous le régime du « terrorisme psychologique » (« psychological terrorism », « psychoterror ») comme l’explique Marinela Katsogiannou.

Joel Best quant à lui emploie le terme de « viol psychologique ».