PROTECTS) Pour la Reconnaissance, l'Organisation et Tisser l'Entraide Contre la Traque et le Stalking.

–  Conseils –

Conseils généraux

Voici des conseils pour le quotidien lorsque l’on est victime de stalking. Ils sont issus de l’expérience, ainsi que des conseils de structures officielles spécialisées dans le stalking à travers le monde.

Préambule

Pour commencer, un éclaircissement de vocabulaire : lorsque nous employons le terme de « victime », celui-ci est à prendre au sens quasi juridique, et non pas « caliméro ».

Les conseils qui suivent sont à adapter à la situation et à sa gravité. Voici quelques questions à se poser afin de parvenir à adapter sa protection et sa prévention au mieux :

  • suis-je en danger ?
  • cela va t-il continuer ?
  • si ça s’est arrêté, est-ce que ça peut recommencer ?
  • est-ce que c’est surmontable ?
  • de quoi ai-je besoin pour faire cesser cela ?

Ces conseils sont valables pour la majorité des cas de stalking dans la sphère personnelle. Si vous subissez du stalking dans le cadre du travail, certains points ne sont pas applicables.

Se protéger

NUMÉROS D’URGENCE

Si vous êtes en danger physiquement, la priorité absolue est de se protéger.
Si le stalker vous menace ou est violent, allez au commissariat de police, dans le but d’obtenir conseils et protection au plus vite. En cas d’urgence (risque de violence physique…), appelez la police secours pour signaler une infraction qui nécessite une intervention immédiate de la police. Si vous êtes blessé-e ou que vous êtes témoin d’une agression physique qui aurait fait une victime, appelez le SAMU ou les pompiers.

POLICE : 17
SAMU : 15
POMPIERS : 18
Numéro d’urgence pour les personnes sourdes et malentendantes : 114

Vous pouvez aussi trouver refuge provisoirement chez un-e proche, un-e ami-e, un-e collègue… le temps de faire les démarches nécessaires.

Reprendre son souffle, prendre soin de soi

L’autre priorité lorsque l’on subit la traque et le harcèlement d’un stalker, c’est de maintenir un état émotionnel le meilleur possible malgré la difficulté. La peur, l’angoisse, les insomnies, les palpitations, la fatigue, sont les premiers effets engendrés par cette situation. Il est indispensable de prendre soin de soi, redescendre en émotions, ne pas se laisser envahir par la peur, retrouver un état d’équilibre… pour ensuite réfléchir le plus sereinement possible. S’accorder du temps, pratiquer une activité favorisant le bien-être, allez vers ce qui vous apporte du positif pour contrebalancer la toxicité qui vous est jetée dessus par cette personne au comportement abusif.

Parler

Un quart des victimes ne parle pas du problème qu’elle subit, selon une étude publiée au journal Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology de juillet 2018.
Ne pas rester seul-e avec ce problème envahissant. Si votre peur tourne à l’anxiété, que votre quotidien est impacté, parlez, surtout ne restez pas seul-e avec cela. Parlez à un-e proche de confiance, un-e coach, un-e thérapteute, une association… Il est d’autant plus important de se faire aider par un thérapeute quand on est victime de stalking que les études chiffrées font ressortir un passé déjà empreint de violences dans l’enfance; en effet, les victimes de stalking ont plus souvent été abusées physiquement ou sexuellement étant enfants, comparativement aux personnes non-stalkées. Un lien a pu aussi être trouvé entre les maltraitances dans l’enfance et le fait d’être victime de stalking ultérieurement. (Spitzberg et Cupach, 2004)

Alors plus que jamais, Take Care of You. Prenez soin de vous.

Comprendre

S’informer, lire, regarder des vidéos sur le sujet, afin de comprendre les rouages du problème. Bien souvent on craint ce qu’on connait peu ; c’est en s’informant sur le sujet que l’on peut l’« apprivoiser ».

Comprendre que vous êtes la victime, et en aucun cas responsable

Vous êtes victime, et en aucun cas responsable des actes du stalker. Le/la stalker est en situation de déséquilibre mental dans sa vie, qui peut avoir plusieurs causes ; citons l’immaturité affective, la vengeance après un rejet, les troubles de la personnalité, les névroses, la perversité et son cortège de désirs de nuire…
La consommation de produits accroissant la confiance en soi, ou encore désinhibants peuvent aussi participer à la réalisation des actes de débordement du stalker. L’alcool est un exemple typique de produit au pouvoir désinhibant, qui peut favoriser un outrepassement des limites.
Voir : page Profils des stalkers

Ce court panorama encourage à prendre un recul bénéfique pour ne pas se laisser miner moralement.
Il ne s’agit pas de comprendre pour pardonner en laissant faire ; le stalker abuse, et vous en êtes la victime. Il s’agit de voir la situation telle qu’elle est, en essayant d’éviter les biais cognitifs dûs à la déstabilisation provoquée par le stalking. En bref, comprendre la situation des deux protagonistes : lui/elle, personne en souffrance (la souffrance pouvant conduire aux pires méfaits), et vous, nous, victimes de ces abus, de ce non-respect, de ces nuisances qui laminent émotionnellement au quotidien.

Être clair-e et éviter les contacts

Ensuite, être clair-e dans ses attentes, dans ce que l’on souhaite ; cela paraît évident mais vaut la peine d’être précisé. Êtes-vous totalement sûr-e de ne plus vouloir de contact avec la personne qui vous stalke ? Si c’est le cas, que vous êtes bien en situation de victime de traque non-sollicité, alors faites savoir explicitement à votre agresseur que vous ne voulez aucune relation, aucun contact avec lui ou elle. De préférence, faites-le par écrit (papier ou email) afin de garder une preuve que vous avez communiqué votre non-consentement au stalker.
Ensuite l’idéal est de couper le contact. Ne lui répondez pas même s’il peut être tentant de contre-argumenter.

ATTENTION

Il existe un risque que le fait de cesser tout contact entraîne une escalade du comportement du stalker, accroissant les risques pour la victime. Il est donc nécessaire de mettre en place des mesures de protection, ainsi que d’évaluer au mieux le profil du stalker et son potentiel d’agressivité, exercice complexe car il a été constaté un fort degré d’imprévisibilité dans l’évolution des comportements des stalkers au fil du temps.
Cependant, rester en contact avec le stalker peut lui servir d’excuse; il peut prétendre que puisqu’il y avait échanges, alors il ne se doutait pas qu’il stalkait. Il peut aussi s’en servir pour preuve contre vous.

Si le contact est inévitable (par exemple au travail, ou dans le cadre de garde partagée d’enfants), faites en sorte de toujours être accompagné-e d’une tierce personne.
Si le stalker vous accoste par surprise, gardez votre calme, évitez-le, ignorez-le, réfugiez-vous dans une boutique ou tout autre lieu ouvert au public. Appelez la police s’il/elle devient menaçant-e. À noter que les personnes présentes dans ce lieu pourront devenir témoins de votre situation.

Essayez de discuter, tenter de raisonner la/le stalker, prendre le rôle du sauveur ou sauveuse, n’est pas souhaitable, voir même vain. Cette personne vit un état d’égarement mental et seuls des professionnels (psychologues, médiateur, police, juge…) peuvent l’aider, ou du moins faire respecter votre périmètre vital. Voir : page Profils des stalkers

Dans certaines circonstances, il peut être utile d’avoir des nouvelles du stalker, afin de savoir où il/elle en est. Certain-e-s font des menaces. Certain-e-s passent à l’action, à l’exécution de ces menaces. Aussi, on peut préférer voir venir les choses, plutôt qu’elles n’arrivent par surprise.
Par exemple, on peut laisser le/la stalker nous écrire sur une adresse email, dont on ne se sert que pour le/la stalker ; on consulte cette boîte email que lorsqu’on le décide, et ainsi on peut se préparer psychologiquement avant de le faire, plutôt que d’être importuné-e sur sa boîte email quotidienne.

Ne pas jouer le jeu de l’aggresseur

Dans un premier temps vous pouvez tenter d’expliquer à la personne qu’elle est hors des clous, en lui disant qu’elle vous harcèle et que c’est punissable par la loi. Si cela la laisse indifférente, alors cessez toute relation ou toute communication supplémentaire ; vous venez d’avoir la confirmation que cette personne a un comportement néfaste et qu’elle va sûrement continuer de vous stalker.
Ne vous laisser pas déborder par la colère ou le désir de vengeance, ne tombez pas dans le jeu du stalker. Céder à des comportements violents verbalement ou physiquement à votre tour ne serait pas en votre honneur ; devenir négatif ou toxique à votre tour ne soignera pas l’agresseur. Seuls des spécialistes et thérapeutes professionnels peuvent l’aider, s’il/elle souhaite sincèrement cesser son comportement.

De l’importance d’agir

S’adapter à la situation en mettant en place des tactiques pour se protéger est important. Mais il faut aussi agir, pour que ce stalking ne vous lamine pas au fil du temps. Une étude conclut que plus une victime s’adapte au stalking, plus elle éprouve des symptômes négatifs; l’adaptation peut aggraver les choses. (Coping With Obsessive Relational Intrusion and Stalking, de Nguyen, Spitzberg & Lee, 2012)
Cette même étude souligne aussi qu’essayer de négocier ou raisonner le stalker n’a que peu d’effets.

Les traces

S’il n’y a pas de danger physique immédiat, on peut choisir de continuer de vivre « normalement », partager comme à l’habitude ses activités et évènements de vie sur internet…
On peut aussi préférer « couper les vannes », limiter les informations que l’on laisse dans la vie courante et sur le web.
Internet est utilisé par nombre d’entre nous pour la sociabilité, rester proche avec son entourage, en utilisant les réseaux sociaux, un blog, ou autre cyberlieu de partage. Le corollaire est que la collecte d’informations sur vous est facilitée pour les stalkers.
D’une manière générale, chacun-e peut être confronté-e au problème du stalking dans sa vie à un moment ou un autre, aussi nous recommandons toujours de préserver son intimité, dès lors qu’il n’y a pas de nécessité à communiquer des éléments privés.

Constituer un dossier

Garder le maximum de preuves des actes du stalker : sms, emails, lettres, journal des appels, messages sur le répondeur… Faire un journal où l’on note le jour, l’heure de l’action commise par la/le stalker. Cela permet de mieux mettre en évidence la fréquence et donc le caractère intrusif.
Notez aussi vos ressentis émotionnels, les coûts engendrés et l’impact sur votre vie sociale.
Le Gloucestershire Domestic Abuse and Sexual Violence Concordat conseille de faire une page par évènement/incident, en notant :

  • Date, heure, durée.
  • Que s’est-il passé ?
  • Comment cela est-il arrivé ? Était-ce plannifié ? Si oui, par qui ?
  • Qui était présent ? Comment les connaissez-vous ?
  • Qu’avez-vous vu, entendu ? Une autre personne est-elle témoin de la même chose ?
  • Qu’a t-il été dit, et à qui ?
  • Qu’est-ce qui a été répondu, et par qui ?
  • Y a t-il eu un dommage causé, lequel et par qui ?
  • Y a t-il eu quelquechose de laissé ? Si oui, prenez-le avec vous.
  • Quelquechose a t-il été volé ? Quoi et par qui ?
  • Si une personne était présente lors de cet incident, noter son nom et ses coordonnées et toute information utiles pour la joindre facilement.
  • Décrire comment vous vous sentez après l’incident.

Rassembler toutes les preuves et témoignages de l’impact du stalking sur vous et votre vie :

  • historique de déménagement si vous avez dû changer de résidence à cause du stalking ;
  • lettre de votre médecin ou psychologue ou psychiatre attestant de la dégradation de votre état à cause du stalking ;
  • témoignages de vos proches qui ont pû voir votre état et vos conditions de vie se dégrader ;
  • rendez-vous râtés ou évités à cause du stalking ;
  • notes de frais de réparations suite à vandalisme du stalker ;
  • notes de frais des équipements et mesures pour protéger votre habitation ;
  • notes de frais d’avocat, de frais de justice et frais médicaux ;
  • preuve de votre changement de route pour vous déplacer de chez vous à un autre lieu, dû au stalking.

Justice, police

S’il y a danger physique, aller au commissariat expliquer la situation.

Pour les abus d’ordre psychologiques, dans un premier temps il faut se renseigner sur la législation, afin de déterminer quelles lois peuvent correspondre aux actes que vous subissez de la part du stalker. Nous vous invitons à consulter la rubrique Vos droits.

Il n’est pas garanti que vous trouviez une écoute de qualité dans les commissariats, le stalking n’étant pas encore rentré dans les mœurs en France. Vous pouvez parlez des faits qui ont correspondance avec la législation actuelle : harcèlement, envois répétés de courriers/messages non-sollicités, cyber-harcèlement, menaces, violences…
Spitzberg note que « Le stalking est significativement traumatisant, et traumatisant dans des formes qui montrent une grande variété de symptômes. Il apparait que le stalking est au moins aussi traumatisant que les autres formes de violences interpersonnelles. Les praticiens classent facilement le stalking comme trauma relativement modéré car il n’y a souvent pas de menace ou préjudice physique évident. En conséquence, les victimes de stalking ne bénéficient pas du même sentiment d’urgence de la part des forces de l’ordre et conseillers, comparé aux victimes de violences familiales ou d’agression. » (« Tactical Topography of Stalking Victimization and Management », de Brian H. Spitzberg, 2002)
Par ailleurs, les agents de police sont mal informés, peu ou pas formés sur le sujet du stalking. (« Research on partner stalking: Putting the pieces together », TK Logan, 2010, et voir aussi le rapport 2018 de la fondation Suzy Lamplugh sur le stalking.)

Constituer un dossier de preuves solide.

Les conseils d’un avocat sont un vrai plus. Si vous rencontrez un frein financier, vous pouvez chercher une permanence gratuite d’avocat dans la ville la plus proche. Il en existe en mairies, ou en Points d’accès au droit, par exemples.

Transformer cette mauvaise expérience

Et pourquoi pas transmuter cette mauvaise expérience en du positif, si le cas s’y prête bien sûr. Il ne s’agit pas de minimiser l’évènement, ni la souffrance endurée, mais de s’en tirer plus fort-e : « ce qui ne me tue pas me rend plus fort » disait le philosophe Nietzsche.
Qu’est-ce que cette expérience peut nous enseigner sur nous, nos façons de réagir ? Comment éviter que cela se reproduise ? Comment détecter une personne toxique avant que le mal ne soit fait ?

La colère peut aussi prendre la place de la peur au fil du processus de reconstruction. On peut l’accueillir, simplement, sans se juger, juste la laisser être là, sans tomber dans la vengeance qui ne fait qu’entretenir le négatif et la haine entre les personnes ; l’accueillir et la laisser passer.
Balayer la honte aussi, qui n’a pas lieu d’être dans cette situation ; vous n’avez pas demandé à ce qu’on vous pourrisse la vie donc il n’y a pas de raison de culpabiliser ou se mettre en doute.
S’installer dans un rôle de sauveur-euse n’est pas souhaitable non plus. Seul-e le/la stalker peut se prendre en charge. Sans déclic de sa part, tenter de l’aider ne servira à rien. Si déclic il y a, il est recommandé que la/le stalker s’adresse à une aide professionnelle, un-e thérapeuthe.

Parfois l’agresseur a été si violent, et notre vie si détruite, qu’il apparaît inconcevable de trouver un aspect positif à l’expérience. Cependant, vous pouvez reprendre le pouvoir sur votre vie, et le futur est devant vous. Se réparer en douceur est une étape importante surtout s’il y avait une relation d’ordre familial ou une relation affective ; se recontruire, pourquoi pas épaulé-e par une personne de confiance, un-e thérapeute, un groupe de parole et soutien psychologique. Accordez-vous absolument ce temps pour vous, régulièrement, pour refaire le plein de confiance en soi et de joie de vivre.

Rester positif/positive

Après avoir vécu un abus, un choc psychologique, on peut être tenté-e de vouloir renforcer son armure pour ne plus subir l’affront des personnes malveillantes. Mais en se « blindant » l’on amenuise notre faculté à ressentir pleinement les choses, les évènements, la vie. À l’extrême, on peut même devenir toxique à son tour pour autrui. Tout l’art va être de trouver le subtil équilibre entre ne plus se laisser déborder par des personnes négatives, tout en conservant son ouverture au monde.
La sensibilité n’est pas une qualité mise à l’honneur par les temps actuels, mais elle n’en demeure pas moins une magnifique qualité, car elle mène à l’empathie envers autrui, à la fraternité et la sororité dont les sociétés actuelles ont tant besoin. Entre les personnes qui se sont « blindées » émotionnellement, les personnes qui font du mal et celles qui se vengent après avoir subi les agissement de ces dernières, la place prise par le repli individualiste est grande. Il est crucial de faire une place aux personnes qui ont fait un autre choix : celui d’être fortes tout en conservant leur sensiblité et leur ouverture au monde. Et si cette place n’existe pas, faisons-là !

Continuer la lecture

Ces conseils sont d’ordre général. Voyons maintenant les conseils plus spécifiques au quotidien en pratique, y compris internet :